La Recherche suisse contre le cancer face au défi du cancer du sein

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Cette semaine, nos équipes de la Recherche suisse contre le cancer ont eu la chance de participer à une formation de la part de l’association, dédiée aux enjeux du cancer du sein et à l’engagement de celle-ci auprès des femmes concernées.

Et comme “Octobre Rose”, c’est aussi le mois du partage et de la sensibilisation, on a trouvé important de vous transmettre en quelque ligne ce qu’on a appris.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Chaque année en Suisse, environ 6 600 personnes en sont diagnostiquées et 1 400 en décèdent. Pourtant, lorsqu’il est détecté à temps, les chances de guérison sont très élevées : environ 89 % des patient.es peuvent être traitées avec succès. Bien que plus rare, ce cancer peut également toucher les hommes.
Dans environ 5 à 10 % des cas, le cancer du sein est héréditaire et la majorité des diagnostics concernent des femmes âgées entre 50 et 74 ans, ce qui souligne l’importance du dépistage régulier à partir de 50 ans. Il existe plusieurs formes de cancer du sein. Le plus fréquent est le cancer canalaire qui touche les petits conduits qui transportent le lait depuis les lobules (où il est produit) jusqu’au mamelon et qui représente entre 50 et 80 % des cas, suivi par le cancer lobulaire (5 à 10 %) qui lui touche les lobules, qui sont les petites glandes responsables de la production du lait maternel. D’autres types plus rares ou mixtes existent également.
Lors du diagnostic, on distingue aussi différents sous-types de cancer selon la présence ou non de certains récepteurs. Ces récepteurs réagissent à certaines substances comme les hormones ou des protéines spécifiques et influencent la croissance de la tumeur. Ils orientent ainsi le choix du traitement en fonction de leur nature.

 

Ils existent majoritairement 3 grandes classes de récepteurs :

  • Les cancers à récepteurs hormonaux positifs (HR+). Ce type de cellule cancéreuses est sensible aux hormones : il “se nourrit” d’œstrogènes ou de progestérone. Concernant le traitement pour ce type de cancer, on privilégie généralement l’hormonothérapie, qui agit en bloquant les hormones responsables de la croissance tumorale.
  • Les cancers HER2 positifs. Le HER2 est une protéine qui contrôle la croissance des cellules. Ce type de cancer à un haut taux de récepteurs HER2, ce qui entraîne une croissance tumorale très rapide. Le traitement de ce cancer repose sur une chimiothérapie, associée à des médicaments qui freinent la production de la protéine responsable de la croissance tumorale.
  • Le cancer triple négatifs, qui ne présentent ni récepteurs hormonaux ni récepteurs HER2. Il est souvent plus agressif et a plus de risques de récidive, surtout dans les premières années. Il est donc plus difficile à traiter. La chimiothérapie, parfois combinée à l’immunothérapie, constitue l’un des traitements les plus couramment proposés dans ce type de cancer.

Heureusement, il existe des gestes simples pour réduire son risque de développer un cancer du sein. Il est recommandé de surveiller son poids, de limiter la consommation de tabac et d’alcool, de privilégier une alimentation équilibrée et variée, et de pratiquer une activité physique régulière. Le dépistage joue également un rôle essentiel. La mammographie est aujourd’hui la méthode la plus efficace pour détecter un cancer du sein : elle permet d’identifier environ 80 % des tumeurs malignes. Les femmes de plus de 50 ans devraient réaliser une mammographie tous les deux ans. Toutefois, tous les cantons en Suisse ne disposent pas encore de programmes de dépistage organisés, ce qui limite parfois l’accès à cet examen.

Mais quel est le rôle de la Recherche suisse contre le cancer dans tout ça ?
La recherche médicale continue de progresser pour améliorer la prise en charge et la qualité de vie des patientes. Deux études en cours et soutenu par le fond de la Recherche suisse contre le cancer sont particulièrement prometteuses. La première concerne le lymphœdème, une complication fréquente du traitement du cancer du sein. En effet, après une chirurgie ou une radiothérapie, 2 à 3 femmes sur 10 développent ce gonflement du bras ou de la poitrine, dû à un endommagement du système lymphatique. Le risque augmente avec le nombre de ganglions enlevés ou endommagés pendant la chirurgie ou la radiothérapie. Actuellement, il n’existe que des traitements symptomatiques, comme le port de manchons de compression ou le drainage lymphatique. Une étude cherche à aller plus loin en testant des techniques innovantes telles que la reconnexion des vaisseaux lymphatiques ou la réimplantation de ganglions prélevés ailleurs dans le corps pour restaurer un système lymphatique fonctionnel.
La seconde étude s’intéresse aux métastases, causées par les cellules tumorales circulantes. Ces cellules peuvent se détacher de la tumeur principale et migrer vers d’autres parties du corps. Lorsqu’elles voyagent seules, elles survivent moins longtemps et sont plus facilement éliminées par le système immunitaire. En revanche, lorsqu’elles se déplacent en amas, elles sont plus résistantes et à l’origine de la majorité des métastases. Ces amas se forment souvent lorsque la tumeur devient trop grande pour être correctement oxygénée par ses vaisseaux sanguins. Pour survivre, les cellules s’unissent entre elles et se détachent en groupe. L’objectif de l’étude est de détruire ces amas cellulaires, notamment à l’aide de la digoxine, un médicament connu. Les chercheurs ont aussi découvert que l’efficacité du système immunitaire varie selon l’heure de la journée : les amas sont plus nombreux la nuit, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de traitement fondées sur le rythme biologique.
En résumé, le cancer du sein reste un enjeu majeur de santé publique. Le dépistage précoce, l’adoption de bons comportements de prévention, et les avancées de la recherche sont autant d’armes précieuses pour lutter contre cette maladie. Grâce à votre travail, ce sont des armes supplémentaires qu’on peut offrir aux chercheurs afin d’améliorer les chances de guérison et offrir un avenir plus serein aux patient.es concernées. Si une des deux études vous intéresse particulièrement, vous trouverez leurs liens ici et ici.