Retour sur la COP30 : un sommet décisif pour le climat qui laisse un goût d’inachevé

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Après plusieurs jours de discussions et de négociations, la COP30 de Belém s’est achevée en laissant un sentiment partagé. Beaucoup de pays se disent déçus, tandis que d’autres se montrent satisfaits au vu de la complexité des enjeux.

Alors que cette conférence était au cœur de grandes attentes et devait constituer un tournant majeur vers la sortie des énergies fossiles et la lutte contre le réchauffement climatique, les décisions finales restent très limitées. Elles sont pour la plupart jugées insuffisantes face à la nécessité et à l’urgence climatique actuelles.

Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat, a exprimé sa déception, soulignant le manque de décisions et affirmant que l’UE espérait davantage d’ambition sur tous les fronts. L’UE fait en effet partie des insatisfaits face au texte final de la COP30, qu’elle juge éloigné de ses demandes concernant la sortie des énergies fossiles et encore largement insuffisant au regard de l’urgence climatique.

Mais pourquoi tant de déception ?
La COP30 avait pour objectif de fixer des règles strictes sur l’usage des énergies fossiles, voire même d’en prévoir la sortie progressive. Or, au lieu d’une feuille de route souhaitée par plus de 80 pays, le texte se contente finalement de proposer un « accélérateur mondial de mise en œuvre », une initiative volontaire destinée aux États qui souhaitent accélérer la réduction de leurs émissions. En somme, rien qui permette d’initier de manière radicale une sortie des fossiles.
Cette initiative s’inscrit dans le « Mutirão mondial », un texte qui a vu le jour lors de la COP30 et qui se positionne contre le changement climatique sans toutefois mentionner explicitement l’abandon des énergies fossiles.

Conscient que le Mutirão mundial ne satisferait pas l’ensemble des États, le président de la COP30 (André Corrêa do Lago, chef d’État brésilien) a pris les devants en annonçant la publication prochaine de deux feuilles de route :

  • l’une consacrée à la lutte contre la déforestation ;
  • l’autre axée sur la sortie progressive des énergies fossiles.

Ces deux feuilles de route ne sont toutefois pas les seules mesures issues de la COP30 : le Mutirão comprend également plusieurs initiatives clés qui illustrent les priorités et compromis de cette conférence :

  • Réduire progressivement l’usage des énergies fossiles : initiative volontaire encourageant les pays à collaborer pour diminuer leurs émissions (sans feuille de route précise pour le moment) ;
  • Tripler les financements pour l’adaptation climatique à l’horizon 2035 : un soutien essentiel aux pays du Sud et aux pays en développement ;
  • Un dialogue sur le commerce mondial : une première dans les négociations climatiques, visant à aborder pendant trois ans les tensions commerciales internationales ;
  • Une feuille de route pour lutter contre et maîtriser la déforestation : le Brésil propose un fonds destiné à rémunérer les pays selon la quantité de forêts protégées.

Un paysage international toujours fragmenté
Une fois encore, le fossé se creuse entre les pays favorables à une sortie des énergies fossiles et ceux qui s’y opposent, dont la Russie et l’Arabie saoudite, pour qui l’économie dépend largement du pétrole et du gaz. Entre les deux se trouvent les pays les plus vulnérables, déjà confrontés aux effets du réchauffement alors qu’ils en sont parmi les moins responsables.

En résumé, la COP30, qui portait de nombreux espoirs pour une transition écologique, ne fixe ni calendrier ni trajectoire claire de sortie des fossiles. Elle initie tout de même certaines mesures et discussions qui pourraient servir de base pour de futures avancées.
Rendez-vous en Turquie en 2026 pour les prochaines étapes.

Quelques liens pour en apprendre plus :

Négociations sur le climat à la COP30 : ce qui est en jeu | ONU Info
COP30 : un accord en demi-teinte pour les Européens
Les principaux acquis de la COP30 au Brésil